18 juillet 2001

En route pour Siem Reap (prononcer cième rip) et les merveilles d’Angkor. Mais Angkor, ça se mérite. Et dans le cas présent, il faut passer l’épreuve du shaker: l’épouvantable “route” qui relie Phnom Penh à Siem Reap. J’ai d’ailleurs bien failli m’écraser la tête au plafond en rebondissant suite aux chaos du chemin! Le minibus a des sièges défoncés et il se décompose à mesure qu’on avance, tout se dévisse sous les secousses: la clim (qui ne fonctionne pas) au plafond a perdu 8 vis sur 16 après trois heures de route et pendouille dangereusement au-dessus de la tête des deux belges. Une heure plus tard, c’est le haut-parleur de la radio qui tombe sur les pieds de Lionel, puis la moquette de l’intérieur des portières. Ensuite, un drôle de truc mi-bois mi-fer arrive à mes pieds où il percute presque les bananes du japonais qui étaient déjà arrivées jusque là. On mange de la poussière rouge. Lionel a les fesses et le dos défoncés par les barres du siège (il n’y a plus de ressorts). Il pleure ses kilos perdus plus que jamais! On change de place. Pareil pour moi. En plus, on a des crampes aux mains et aux abdos à force de s’agripper là où on peut pour éviter de s’écraser au plafond! Et le cou tordu… Bref, un voyage d’agrément!

Ca n’a duré que de 7H30 à 17H30 avec une demi heure de pause à midi et deux fois 5 minutes en route pour nous permettre d’aller aux WC chez les habitants des villages (c’est bien gentil de leur part). C’est maigre pour se reposer… A 1 km de l’arrivée, alors qu’on roule depuis 5 ou 6 km sur une belle route tout juste construite (comme au Laos, par les japonnais), on crève. Si près du but! Et sur une si belle route alors qu’on s’est explosé toute la journée sur les cailloux et les morceaux de route rescapés. Car il y a eu une route! Naguère comme on dit. Mais il n’en reste que quelques bribes… quand il en reste! Et c’est alors pire que tout car la pluie creuse des cratères (si,si) autour, ça fait des différences de niveaux tels qu’on ne peut plus rouler. Le mieux reste d’emprunter le bas côté, ce qu’a fait notre chauffeur rigolard toute la journée, en s’agrippant à son volant et en rebondissant allègrement sur son siège. Plus de 9 heures, 300 km, en fonçant à près de 30 km/h de moyenne! Vu l’état de la route, on peut vraiment parler de vitesse inconsciente!

Malgré cela, ce trajet est un vrai plaisir. Non pas qu’on soit maso, mais parce qu’il y a tant à observer. Tous les 10 ou 20 mètres, cachée derrière les cocotiers, se dresse une maison en bois sur pilotis devant laquelle 1, 2, 3 vaches ou plus sont attachées à côté de la petite charrette avec de grandes roues en bois que presque chaque paysan possède. Dans beaucoup de villages, on voit des temples en construction. Comme au Laos. Comme quoi la religion n’est pas délaissée partout. En France, les églises sont désertées, ici on construit des pagodes. Il faut préciser que le régime de Pol Pot en a fait détruire beaucoup, et aussi, ce qui est loin d’être négligeable, qu’ici les bonzes vont à la rencontre des fidèles. S’ils attendaient au temple, pas sûr qu’ils en verraient beaucoup?!

Entre chaque village, des champs de canne à sucre, des rizières, de ces grands bovins à bosses et des cochons, plein de cochons! Des vrais, de la taille de nos cochons occidentaux, ça surprend après avoir croisé tous ces cochons nains partout. Tous ces saucissons en puissance! Hum, ça fait saliver. Tout cela sur fond de paysage plat s’étendant à perte de vue “grâce” au déboisement sauvage. Comme quoi ça a du bon, on a une vue dégagée désormais. Vers 17h00, une coline apparaît! Mais toujours pas d’arbres.

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