24 février 2001
Ils sont graves ces indiens! Sur la route en tous cas, ils sont carrément malades. Faut voir comment il roulait le chauffeur du car qui nous a emmenés à Pushkar. Comme les autres, c’est-à-dire comme un taré. On s’est retrouvés à l’avant du bus. quelques fois, tu te dis que ça ne passera jamais, nous on a eu du bol, c’est toujours passé. Mais vu les carcasses de camions et de bus que tu vois de temps en temps, il y en a pour qui le choc a été inévitable.
Pushkar, c’est un village à 150 km à l’ouest de Jaïpur. Enfin, on dit village parce-qu’il ne s’agit pas d’une ville. C’est tout petit, on peut faire le tour à pied en une grosse demi-heure. Mais ce n’est pas la campagne. Pushkar se trouve au bord d’un grand lac, et tout autour il y a d’imposantes collines. C’est très calme, il n’y a presque pas de circulation, quelques motos ou scooters de temps en temps, c’est tout. C’est très reposant après le vacarme des klaxons et des moteurs de Jaïpur.
Mais ce qui est drôle à Pushkar, ce sont les gens que tu peux croiser. Il y a pas mal d’occidentaux. Des touristes de passages comme nous, mais aussi des gens qui s’arrêtent ici visiblement plus longtemps. En fait, c’était un des grands rendez-vous des hippies dans les années 70. Aujourd’hui, on peut y croiser des gens franchement baba cools nouvelle génération, les anciens baba cools aujourd’hui cinquantenaires et plein d’autres que tu hésites à classer entre le genre “peace and love” et le genre frimeur. Le soir, ils ont leurs petits rites à eux, singeant les habitants de Pushkar qui fêtent lever et coucher du soleil en musique. Les post baba cools se retrouvent tous sur un ghat (marches descendant dans le lac) face au soleil couchant. D’indiens, il n’y a que quelques gosses mendiants, divers vendeurs, et des musiciens qui n’oublient pas de passer la coupelle après. Et tout ce monde baba est assis sur les marches rêvant en regardant le coucher de soleil, refaisant probablement le monde dans sa tête et prenant des poses de grande méditation.
Ici, les Indiens sont cools et sympas. Le lever du soleil est une fête et les villageois se succèdent sur les ghats autour du lac pour leurs ablutions, tout cela dans un agréable brouhaha et souvent accompagné de musique jouée on ne sait où. A Pushkar, on vénère Brahma, l’un des trois dieux de la trinité hindoue: Brahma le créateur, Shiva le destructeur et Vishnu le conservateur.
On s’est trouvé un hôtel palais de maharadjah avec piscine (hé oui) à 200 roupies, soit environ 30-35 FF, WC et douches communs pas nickel du tout, eau froide mais il fait si chaud que ça va. Par contre, ça lave moins facilement le linge et on a besoin de faire une méga lessive. De temps en temps, coupure d’électricité et d’eau, c’est pas cool, surtout quand on est sous la douche. Heureusement j’avais prévu et rempli un seau d’eau pour me rincer au cas où, au moins partiellement.
25 février 2001
Montée au monastère et piscine. Samedi soir, on a trouvé un super resto qui fait un buffet à volonté pour 45 roupies chacun, dessert compris (6,50 FF). Supers plats! On se sert dans les marmites, de tout: salades de crudites, choux-fleurs en sauce, lentilles, poivrons farcis, riz blanc, spaghetti sauce tomate al dente (excellent selon Lionel le spécialiste es-pâtes), purée, frites, patates à l’eau avec excellente sauce, petits pois champignons, pois-chiches, falafels, ketchup degueu, et super salade de fruits en dessert, chapatti beurre, pain, patisseries, drôle de plat avec des citrons, et excellent “pudding” en fait crème avec bananes et raisins dedans. Bref, on s’est servis plein de fois! Tout ça arrose de black tea super bon!
C’est marrant, on mange végétarien ici, mais franchement la viande ne nous manque pas du tout. Il faut dire que vu sa tête dans les rares boutiques qui en ont, et vu ce dont les animaux se nourrissent le plus souvent (les poubelles), on n’en a absolument pas envie, même quand, comme moi, on est fan d’entrecôtes à point! En fait, ce sont des raisons économiques qui font que les Indiens sont essentiellement végétariens. Déjà, les hindous sont très largement majoritaires (85% de la population) et ils ne mangent pas de vaches ni de boeufs. A l’origine de ça, le souhait de protéger les troupeaux de bovins qui apportaient aux indiens le lait. D’ou le respect de la vache. C’était plutôt une bonne idée d’assimiler la vache à la mère nourriciere même si aujourd’hui il y en a trop (1 pour 2 indiens) dont beaucoup stériles et malades donc inutiles: les légumes qu’elles mangent pourraient nourrir les indiens. Mais chacun ses croyances. Ensuite, pour en revenir au régime végétarien, élever du betail réclame plus d’espace et de temps que de cultiver des céréales ou des légumes. Donc ça nourrit moins de gens.Et comme on ne croule pas ici sous les effets de la culture intensive, c’est plutôt un excellent choix. Des cultures pour nourrir plus de monde, et pas trop de bétail qui monopoliserait trop d’espace pour n’être finalement réservé qu’à une élite. De toutes façons, dans les pays dits “développés”, on mange trop de viande, et en plus on veut la produire trop vite et de façon complètement démente. La nature n’est pas d’accord et elle a bien raison, la vache folle c’est le fruit du délire humain et de sa cupidité. A suivre pour le maïs transgénique et le clonage débile.